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| Nuit Debout à Questembert (Morbihan) |
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Dans un précédent billet on avait fait un compte-rendu peu enthousiaste, c'est le moins qu'on puisse dire, d'un passage d'une heure samedi soir aux Nuits Debout de Limoges mais on avait bien pris la peine de préciser que ça ne pouvait être un jugement général sur l'ensemble du phénomène, et qu'on reviendrait. Sage précaution. Hier soir, il y avait environ 25 personnes assises en cercle sur la place de la République limougeaude et on a d'abord eu l'impression que c'était mal parti, concurrencés que nous étions par la présence d'un groupe aussi nombreux et beaucoup plus bruyant d'ivrognes et de punkachiens avec leurs bêtes, plus le bruit inquiétant d'un ballon de foot rebondissant qui menaça plusieurs fois nos têtes d'un tir au but. Et puis non, c'était bien. Il y avait là une assistante à la vie scolaire, un salarié du bâtiment en CDI, des CDD, des intermittents, des retraités, et au moins deux précaires contents de l'être (Esteban et moi). Après avoir échangé sur les différentes techniques des employeurs pour maintenir leur personnel dans la précarité, une remarque du jeune homme en CDI sur le fait qu'il n'aimait pas tant que ça son boulot a permis d'approfondir la discussion en attaquant la question de la nature même du travail, sur l'existence de tant de boulots inutiles, sur la division sociale du travail, sur la si absurde échelle des salaires (pourquoi les chefs devraient-ils être payés plus que les autres, alors que leur boulot est quand même plus intéressant), bref, loin des bavardages impuissants sur une nouvelle constitution, nous étions au coeur de la question qui a mis des centaines de milliers de personnes dans les rues françaises depuis deux mois : le travail et sa crise. Si on ajoute qu'il y a eu aussi le récit d'une action de la veille fort bien menée (avec départ à 7h45!) au Pôle Emploi et la préparation d'une autre qui s'annonce bien, on comprendra qu'on a pensé que ça valait vraiment la peine de repasser.
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| Saint Denis, le 14 avril: " |
Ne pas se contenter de premières impressions, prendre le temps de passer et repasser, c'est par exemple, la résolution du camarade de l'Amicale des Papys et Mamys Casseurs et Sympathisants, qui a constaté avant-hier que "ça tournait en eau de boudin" à la Répu de Paris en entendant déblatérer des orateurs sur les Rockfellers et autres discours populistes ras des pâquerettes, et qui hier soir a trouvé que c'était mieux, plus éclaté et plus fervent; ce fut aussi la décision de ce camarade d'Alès qui, un premier soir, avait décarré après s'être retrouvé face à trois soraliens (1)… Ne pas se contenter d'impressions superficielles, se défaire un moment de ses présupposés doctrinaux (je n'ai pas écrit "préjugés idéologiques"), c'est une attitude qu'auraient mieux fait d'adopter les camarades de
MouvementCommuniste/Kolektivně proti Kapitălu. Mais peut-être existe-t-il quelques très rares lecteurs ignorants ce qu'est Mouvement Communiste/Kolektivně proti Kapitălu. Disons qu'à ce groupe, on passait gentiment son kitsch idéologique consistant depuis deux ou trois décennies à produire des textes et des tracts expliquant invariablement in fine à la "classe ouvrière" qu'elle devait faire ceci, cela, et ceci et cela, si elle voulait vraiment s'émanciper, du fait de l'intérêt documentaire qu'on pouvait trouver à lire ces productions toujours bien informées, disons comme un article du Monde Diplo, et aussi par le fait que ce groupe est sans doute le dernier en Europe occidentale où l'on peut dénicher des militants capables d'aller distribuer des tracts à 5 h du matin à la sortie de ce qu'il reste d'usines. Je passais d'autant plus volontiers sur les désaccords que chez MC, j'ai de bons camarades et un vrai ami. Mais voici qu'ils ont publié un méchant, dans tous les sens du terme, texte intitulé "Couchés le jour, debout la nuit". En accumulant les exemples si faciles à trouver de discours aberrants qu'on peut entendre sur la place de la Répu, ils reprennent l'argumentaire qu'on entend aussi bien chez les réacs que chez certains militants purs et durs: "tout ça, c'est bobo et compagnie". Bon, on va pas perdre son temps à répliquer en alignant toutes les paroles importantes et intelligentes qu'on y a entendues, et toutes les actions dont ces lieux furent le point de départ. Mais là où, cher ami, chers camarades, je constate que vous pouvez être vraiment cons, des fois, c'est quand vous écrivez qu'à Répu, il n'y a eu qu'un "seul débordement sans conviction de quelques centaines de gens qui voulaient se diriger vers le domicile du premier ministre". D'abord, renseignez-vous mieux, des débordements, il y en a eu des douzaines et on espère bien que ça continuera. Ensuite, à voir comment vous décrivez la manif "Apéro chez Valls", je me dis qu'il n'y a que trois possibilités:
- Soit l'un de vous, ce soir du 9 mars, était sur place, et comme n'importe quel journaliste de France Info, il s'est contenté de suivre vaguement les deux premières tentatives de la tête du cortège pour sortir et il n'a pas remarqué qu'à la troisième, la manif s'est élancée sur l'avenue de la République qu'elle a occupée toute entière, ce qui permettait de voir qu'elle n'était pas constituée par quelques centaines mais par quelques milliers de personnes.
- Soit ce l'un de vous, porteur de ces humeurs atrabilaires à l'égard de tout ce qui n'est pas pure expression de la pure classe ouvrières, n'a pas remarqué que la manif était non seulement pleine de conviction mais joyeuse, dansante, chantante et déterminée (le commissariat central du 11e en sait quelque chose) et l'a suivie sans s'apercevoir qu'elle est arrivée à deux pas du domicile Valls (entrée de la rue Keller)
- Soit vous ne vous êtes basés, pour vous en faire une idée, que sur la presse dominante.
Alors, je ne sais pas quelle est l'hypothèse la moins ennuyeuse pour vous, mais franchement, il faut qu'on vous garde pour l'édification des générations futures, comme exemple de ce qu'il ne faut pas faire: contre des temps mauvais, se refermer en boule sur une idéologie pour ne surtout pas communiquer avec ce qui se passe. Sortez de vos carapaces, et nous tous, continuons à déborder avec conviction!
Ajout, 15h59:
Je reçois du copain d'Alès les infos suivantes: "A Alès (30), les tensions entres confus et autres manifstants en sont venu aux mains ces derniers jours... Aujourd'hui, il semble compliqué de revenir au point 0. Par contre, il se passe des trucs vraiment trés intéressant à la Bourse du Travail. La CGT est d'ailleurs bien encombré par tout ce petit monde ayant établis asile à la Bourse pour pouvoir discuter et parler action et jonction. Bref, le mouvement a été forcé de se préciser et de s'affirmer différent des dieudophiles et des chouardistes (trés présent chez nous). Ceux là se sont réunis sous la bannière "anti-système" et leurs propos dégénères (stupéfiant d'ailleurs!), quand aux autres ils tentent de s'en démarquer tout en étant les seuls moteurs aux actions et manifestations qui se profilent (et furent réaliser la semaine dernière). Ainsi, la lutte continue et les exigences "d'autre chose" se formalisent pour marquer la différence d'avec les projets confus qui se révèlent de plus en plus pour ce qu'ils sont: dangereusement fascisant."
- Soit l'un de vous, ce soir du 9 mars, était sur place, et comme n'importe quel journaliste de France Info, il s'est contenté de suivre vaguement les deux premières tentatives de la tête du cortège pour sortir et il n'a pas remarqué qu'à la troisième, la manif s'est élancée sur l'avenue de la République qu'elle a occupée toute entière, ce qui permettait de voir qu'elle n'était pas constituée par quelques centaines mais par quelques milliers de personnes.
- Soit ce l'un de vous, porteur de ces humeurs atrabilaires à l'égard de tout ce qui n'est pas pure expression de la pure classe ouvrières, n'a pas remarqué que la manif était non seulement pleine de conviction mais joyeuse, dansante, chantante et déterminée (le commissariat central du 11e en sait quelque chose) et l'a suivie sans s'apercevoir qu'elle est arrivée à deux pas du domicile Valls (entrée de la rue Keller)
- Soit vous ne vous êtes basés, pour vous en faire une idée, que sur la presse dominante.
Alors, je ne sais pas quelle est l'hypothèse la moins ennuyeuse pour vous, mais franchement, il faut qu'on vous garde pour l'édification des générations futures, comme exemple de ce qu'il ne faut pas faire: contre des temps mauvais, se refermer en boule sur une idéologie pour ne surtout pas communiquer avec ce qui se passe. Sortez de vos carapaces, et nous tous, continuons à déborder avec conviction!
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| Un des débordements qui, selon Mouvement Communiste, n'ont pas existé |
Je reçois du copain d'Alès les infos suivantes: "A Alès (30), les tensions entres confus et autres manifstants en sont venu aux mains ces derniers jours... Aujourd'hui, il semble compliqué de revenir au point 0. Par contre, il se passe des trucs vraiment trés intéressant à la Bourse du Travail. La CGT est d'ailleurs bien encombré par tout ce petit monde ayant établis asile à la Bourse pour pouvoir discuter et parler action et jonction. Bref, le mouvement a été forcé de se préciser et de s'affirmer différent des dieudophiles et des chouardistes (trés présent chez nous). Ceux là se sont réunis sous la bannière "anti-système" et leurs propos dégénères (stupéfiant d'ailleurs!), quand aux autres ils tentent de s'en démarquer tout en étant les seuls moteurs aux actions et manifestations qui se profilent (et furent réaliser la semaine dernière). Ainsi, la lutte continue et les exigences "d'autre chose" se formalisent pour marquer la différence d'avec les projets confus qui se révèlent de plus en plus pour ce qu'ils sont: dangereusement fascisant."




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